Publié sur 92democrate.com :
J'ai adhéré cet été au MoDem convaincu que le clivage droite-gauche tel qu'il est défendu avec trop d'ardeur par l'UMP et le PS était dépassé et qu'en revanche la vision d'un projet humaniste prôné par François Bayrou était le bon chemin pour l'avenir. Il s'agit donc d'un engagement plein d'espoir ; l'espoir en particulier de faire de la politique autrement.
De plus, je suis arrivé dans ce parti neuf au moment où se préparaient les élections internes départementales ; phase passionnante de mise en place, avec le sentiment que tout est possible. Pierre Creuzet, élu de Nanterre et conseiller national du MoDem, m'a demandé de le rejoindre sur la liste présidentielle "Vraiment MoDem" qu'il préparait. J'ai accepté sans hésiter de participer à cette belle aventure !
La campagne a été courte, mais très intense : pendant 5 semaines, nous avons fait le tour des sections, du nord au sud des Hauts-de-Seine, défendant un projet réalisé de manière participative. La mobilisation a été formidable ! A tel point que nous avons cru un moment pouvoir l'emporter, malgré de forts handicaps par rapport à nos concurrents : absence de moyens matériels, impossibilité d'obtenir les fichiers des militants, déficit de notoriété face à l'autre équipe constituée par les élus des bastions centristes du sud du département...
Nous avons aussi fait l'objet de quelques attaques personnelles. Celles-ci m'ont surtout surpris par leur virulence. J'ai personnellement eu droit à des notes sur des blogs le plus souvent anonymes remettant en cause la sincérité de mon engagement. Il y a eu aussi un article dans Le Parisien qui sentait bon la manip. Je vais vous dire: je n'accepte pas cette violence. Je n'y parviens pas, malgré et peut-être surtout à cause de mon expérience putéolienne. Si je fais de la politique, c'est parce que justement je refuse et je veux combattre les attitudes mafieuses pratiquées dans certaines sphères politiques. Le Mouvement Démocrate doit donner l'exemple, particulièrement dans les Hauts-de-Seine, terre de Sarkozy, Pasqua, Devedjian, Santini et Balkani...
Dans ce contexte difficile, nous avons tout de même, avec Pierre Creuzet et son équipe, obtenu 340 voix, soit 37% des suffrages aux élections internes du 27 septembre !
J'ai été élu au Conseil départemental du 92, avec plus de 80 autres membres de la liste "Vraiment Orange", ainsi qu'à la Conférence nationale. Pierre Creuzet est devenu vice-président du MoDem 92, avec une autre de nos colistières, Blanche Mühlmann, maire-adjointe d'Asnières. Nous avons raté de quelques voix un 3e siège à la Présidence. Un recours est toujours en cours d'examen par les instances nationales.
Dès le 27 septembre au soir, à Montrouge, j'ai salué Antoine Dupin pour sa victoire. Je lui ai dit qu'en tant que président de la fédération des Hauts-de-Seine, il avait la grande responsabilité de rassembler tous les militants du 92, avec l'aide des autres élus de la présidence collégiale, dont Pierre Creuzet.
Le 15 octobre dernier, sur convocation d'Antoine Dupin, les conseillers départementaux nouvellement élus se sont retrouvés au siège du Mouvement à Paris. Las, j'ai constaté lors de cette soirée qu'il faudra fournir beaucoup d'efforts pour assurer un bon fonctionnement démocratique au sein de la fédération.
Le président explique aux élus départementaux qu'ils assistent à une "assemblée de militants" mais pas à l'"assemblée départementale" ! Selon lui, celle-ci ne pourra se réunir qu'en décembre, après le vote des sections : chacune doit en effet désigner 2 délégués au conseil. Nous sommes plusieurs à intervenir dans la salle, notamment Sylvain Canet, pour expliquer qu'en réalité nous sommes assez nombreux -225 élus- au regard du règlement intérieur national pour siéger légalement et prendre les premières décisions que nous avons à prendre, afin de mettre le parti en état de marche dans les Hauts-de-Seine. Le président repousse ces interventions, ce qui nous empêche, ce soir là et pour 3 mois encore, d'assumer pleinement notre rôle d'élu, notamment en amendant l'organisation des prochaines élections des sections, qui sera entièrement et exclusivement assurée par la présidence collégiale, puisque nous apprenons aussi la dissolution de la commission électorale !
Une "présidence collégiale" dont la réalité n'est pas plus assurée pour l'instant. Qui dit "collégial" dit décisions prises en commun. Or, Pierre Creuzet nous explique, lors de cette réunion, qu'il découvre en direct les décisions prises par la présidence. Blanche Mühlmann confirme. La "majorité" -les 5 autres vice-présidents menés par Antoine Dupin- décide de son côté et informe ensuite leur "minorité".
Pierre Creuzet déclare à la tribune qu'on le met dans la situation de l'opposant qu'il est au conseil municipal de Nanterre et que ce n'est pas de cette manière qu'il conçoit la présidence collégiale.
La distribution des responsabilités entre les 7 de la présidence vient nous confirmer ce mode de fonctionnement : les 5 de la majorité ont des fonctions exécutives (relation avec les sections, réalisation du projet, communication externe, etc), alors que Pierre et Blanche se retrouvent chargés d'animer des groupes thématiques informels.
J'interviens à nouveau pour prévenir nos 7 élus qu'ils prennent un mauvais départ et que les militants MoDem des Hauts-de-Seine exigent d'eux le rassemblement promis par tous au soir du 27 septembre, nécessité et condition absolues de nos prochaines victoires dans le département.
J'ai écrit sur le blog de Christophe Ginisty, qui sans avoir assisté à cette réunion en a pourtant écrit un compte rendu, que bien entendu la démocratie avait désigné une majorité à la tête de la fédération des Hauts-de-Seine, mais que cela ne signifiait pas pour autant que la minorité -présente au sein de la présidence et au conseil départemental- devait se soumettre, se taire, voire disparaître. Elle doit être entendue et respectée... par la majorité. Nous devons tous travailler ensemble ; personne ne doit être exclue ; et c'est à la majorité, qui a le pouvoir de décision, d'assurer la réalité de ce rassemblement.
C'est pour cela que j'attends de notre président Antoine Dupin des gestes forts.
Qu'il sache que pour notre part, parce que nous sommes respectueux de la démocratie et que nous défendons les valeurs de notre mouvement, nous le soutiendrons pleinement au cours des 3 prochaines années. Ce que nous voulons, c'est faire gagner le MoDem.
Christophe Grébert
Conseiller municipal Modem de Puteaux
(photo : Christophe Grébert sur Flickr)