Un conseil municipal avait lieu jeudi soir à Puteaux. Après Courbevoie, notre ville a aussi voté un avis défavorable au projet de décret de fusion entre
les 2 établissements publics EPAD/EPASA. Voulant annoncer à
l'assemblée, en introduction de mon intervention, le retrait de la candidature de
Jean Sarkozy à la tête de l'EPAD, le maire UMP Joëlle Ceccaldi-Raynaud m'a coupé le
micro et a refusé de me redonner la parole ! Ne pouvant m'exprimer, j'ai donc quitté le conseil, avec ma collègue du MoDem Sylvie Cancelloni.
Voici le texte que j'avais préparé et que je n'ai pas pu lire, à cause de cette incroyable censure du député-maire UMP de Puteaux :
Du fait de l'affaire Jean Sarkozy à l'EPAD, depuis 2 semaines, la
presse et l’opinion ont le regard braqué vers La Défense et sur nos
villes. Jamais, il n’a été autant question de l’EPAD. Ce qui n’aurait
pas dû dépasser les frontières de notre département s’est transformé en
débat national. Et même en affaire internationalement commentée.
Ce
soir, plus de 93.000 personnes ont signé la pétition pour réclamer le
retrait de la candidature du fils cadet du chef de l’Etat à une
fonction hautement symbolique, celle de la présidence de
l’Etablissement responsable de l’aménagement du plus grand quartier
d’affaires d’Europe.
Un quartier que l’Etat – dans toute son
autorité – entend développer encore. On nous présente aujourd’hui un
décret de fusion entre l’EPAD et l’EPASA, mais un autre décret (qui lui
ne requiert par l’avis des communes, nous dit-on) prévoit, une fois la
fusion faite, l’extension du périmètre de l’opération d’intérêt
national vers Nanterre et la Garenne-Colombes.
De 160
hectares, nous allons passer à plus de 770 hectares, sur lesquels
l’Etat aura toute autorité pour décider seul de leur aménagement. On va
multiplier par 5 le périmètre de La Défense. On nous parle de 2
millions et demi de m2 de bureaux supplémentaires !?
Un véritable « abus de pouvoir » que le groupe des élus MoDem des villes de La Défense dénonce depuis plusieurs mois.
Et
pour la première fois, dans un acte politique fort, qui en appellera
d’autres, j’en suis certain, nous nous nous sommes associés aux élus socialistes, gauche démocrate, Verts, communistes, républicains et
citoyens des communes de Courbevoie, La Garenne Colombes, Nanterre et
Puteaux pour dénoncer ce « hold-up » et réclamer le retrait de ces
projets de décrets.
Pourquoi nous nous y opposons ? Parce que
l’Etat agit comme il y a 50 ans, comme si les lois de décentralisations
n’avaient pas été votées : autoritairement, sans contrôle démocratique
local, il veut imposer d’en haut, technocratiquement, l’aménagement
d’un territoire urbain, où habitent et vivent 200.000 personnes, sans
demander l’avis des intéressés, sans se préoccuper prioritairement du
bien être de cette population.
Imposer de force la construction
de tours de 300 m au pied d’immeubles d’habitation, comme vous
l’envisagez à Puteaux, exproprier, surdensifier, donner la priorité aux
bureaux et aux logements de très grand standing, là il faudrait
remettre de la vie, retisser des liens.
L’Etat dans ce « plan
de renouveau de La Défense » veut construire encore et encore, sans
même prévoir les transports en commun nécessaires. Ceux qui prennent le
tram, le RER ou le métro savent de quoi je parle.
Une course
folle pour vendre du droit à construire, afin de combler le déficit
structurel d’un quartier de La Défense, qui va dans les années qui
viennent coûter très cher aux collectivités, surtout si le projet de
suppression de la taxe professionnelle va à son terme.
Plus de charges, moins de revenus : nos villes, qui étaient des « paradis » vont devenir des « enfers fiscaux ».
Le
22 septembre dernier, la commission des finances du Sénat recevait les
responsables de l’EPAD. On y apprenait notamment que l'Etablissement
public avait provisionné 108 millions d'euros, sur des rentrées à
venir, pour financer la remise en état de la dalle de La Défense. On
apprenait aussi que les travaux de réaménagement du boulevard
circulaire, côté Puteaux, étaient évalués à 150 millions d'euros et que
ces travaux étaient aussi conditionnées aux ventes d’immeubles. Où
va-t-on trouver cet argent quand le marché de l’immobilier s’écroule ?
Qui va payer à l’arrivée ?
Des questions que nous avons maintes
fois évoquées dans cette assemblée. De nombreux débats, lors desquels
nous vous alertions sur les difficultés à venir. Et où de votre côté,
avec votre majorité UMP, vous nous répondiez que « non, tout va bien
madame la marquise ». Aucun problème à La Défense et pour l’avenir de
notre commune, disiez-vous.
Mais soudainement, vous vous réveillez. Ce projet de décret ne vous convient pas.
Notez bien qu’on ne vous demande qu’un avis. Cela ne vous engage pas à grand chose de dire non cette fois.
Et puis surtout vos arguments nous semblent bien légers.
Par
rapport à tout ce que j’ai dit, et je n’ai fait que survoler les
problèmes qui se posent ou vont se poser, vous ce qui vous fait tiquer
dans ce décret, c’est que Puteaux n’aura qu’un seul représentant au
conseil d’administration du nouvel établissement, contre 2 pour
Nanterre.
C’est vrai, c’est important. Je suis d’accord avec vous. Mais ne pouvait-on dire que cela ?
Je
passe sur l’autre argument : la présence au conseil d’administration
d’une personnalité désignée par le premier ministre. Sur quels critères
cette personnalité sera choisie, vous interrogez-vous ? J’imagine les
mêmes qui ont conduit l’Elysée à pousser la candidature de Jean Sarkozy
à l’EPAD ?
Cela fait 2 semaines qu’on nous dit que les places
dans les conseils d’administration des établissements publics n’ont pas
beaucoup d’importance… Pourtant bizarrement tout le monde les veut !
C’est important. Mais nous sommes bien loin des problèmes qui préoccupent les citoyens !
Vos
arguments sont tellement insignifiants, que je me pose la question :
faut-il que je m’associe à vous dans cet avis négatif ou faut-il que je
m’abstienne ?
Je vais voter comme vous, nous allons voter cet
avis défavorable, mais nous vous appelons aussi à ne pas vous contenter
de cela !
Si le décret était adopté tel quel, avez-vous
l’intention de déposer un recours devant le tribunal administratif ? Et
le cas échéant êtes vous prêt à aller jusque devant le Conseil d’Etat ?
Faudrait-il
encore que vous vous entendiez entre UMP de nos différentes communes: à
Nanterre, les conseillers de votre parti ont voté POUR le décret ! Le
même !
Pour notre part, au sein du groupe des élus MoDem des
villes de La Défense, nous allons continué à travailler à un projet
alternatif .. à celui présenté par le gouvernement et par votre
majorité.
Nous appelons de nos voeux une authentique intercommunalité de projet.
La
Défense doit devenir un territoire de vie. Raccordons les morceaux
décousus qui la constituent. Il faut remettre l’homme au centre,
conjuguer talents des affaires, bassin d’emplois, politique équilibrée
de l’habitat, transports locaux et régionaux renouvelés, développement
durable, culture, savoirs et formations…
Qui peut faire ça ? sinon les élus locaux, associés au monde associatif, avec l’ensemble de la population.
Le
MoDem appelle à un grand débat citoyen et à la tenue d'un référendum
local dans les 4 communes concernées par ces décrets (à savoir Puteaux,
Courbevoie, Nanterre et La Garenne-Colombes).
La Garenne
Colombes, où se déroule ce soir une réunion publique sur les projets de
La Défense. Une réunion organisée par le Mouvement démocrate.
Bravo
pour cet avis défavorable. Mais nous attendons de vous et de votre
majorité que vous mettiez vos paroles en rapport avec vos actes.
Saisie
du tribunal administratif. Conseil d’Etat. Tenue d’un référendum local.
D’autres actions sont possibles. Cet avis négatif ne suffit pas.
Christophe Grébert
Conseiller municipal MoDem de Puteaux