
Au cours du conseil municipal de Puteaux du mercredi 6 février 2013, s'est tenu le débat d'orientation budgétaire, qui doit précèder le vote du budget 2013 en avril. Face à la politique cliéntéliste de la majorité sortante, j'ai proposé une politique d'intérêt général.
Voici mon intervention en séance :
Disons-le tout de suite, en introduction de ce débat d’orientation budgétaire : gérer la ville de Puteaux est extraordinairement facile. Notre commune est l’une des plus riches de France. Les revenus fiscaux par habitant sont 3 fois supérieurs à ceux de Paris. Des circonstances historiques, géographiques et politiques ont fait que Puteaux a profité et profite encore de la présence sur son territoire du quartier d’affaires de La Défense. La moitié du quartier, entre le Pont de Neuilly et la Grande Arche, est sur Puteaux : la Grande Arche est à Puteaux, le CNIT est à Puteaux, le centre commercial des 4 Temps est à Puteaux. La taxe professionnelle autrefois, et aujourd’hui la cotisation sur la valeur ajoutée et la cotisation foncière, ont inondé notre ville de centaines de millions d’euros, sans aucune autre contrepartie que l’abandon d’une partie de notre autorité territoriale.
Dans ces circonstances, que le niveau d’impôts réclamés aux familles putéoliennes soit bas, quoi de plus normal ? Il devrait être le plus bas de toutes les villes du département des Hauts-de-Seine et de la région Ile-de-France. Or, ce n’est pas le cas : notre taux de taxe d’habitation est supérieur à celui de notre voisine Neuilly-sur-Seine (13,39% contre 12,57%). De même, notre taux de taxe foncière dépasse ceux de Neuilly et de Courbevoie (8,93% contre 2,9% et 5,11%).
Dans la même logique, que nous ayons 0 euro de dette est bien entendu normal. La majorité devrait plutôt nous parler de nos « réserves ». Mais là, étrangement le maire est silencieux. Alors disons les choses : fin 2004, lorsque Joëlle Ceccaldi a succédé à son père Charles Ceccaldi, la ville de Puteaux possédait une réserve de 240 millions d'euros placés en bons du Trésor. De ce magot, dont la majorité ne parle plus, il ne reste plus rien. Les 240 millions d'euros sont partis en fumée ! Cela a servi à financer la politique dispendieuse du maire : palais monstrueusement chers et vides, animations, illuminations, réceptions, cadeaux, et j’en passe.
2013 est en réalité la dernière année autofinancée de Puteaux. Ensuite, pour continuer à assurer sa politique clientéliste et pour payer l'entretien de ses fastueux palais, la majorité n'aura pas d'autres choix que d’endetter la ville.
Malgré notre richesse, la majorité sortante a augmenté les impôts. Le maire affirme qu’ils n’ont pas bougé. C’est doublement faux. Le taux de la taxe foncière a augmenté. Les impôts ont augmenté avec l’inflation et l’augmentation des bases (+1,8% cette année). En réalité, depuis le début du mandat de Joëlle Ceccaldi, les familles putéoliennes ont vu leurs impôts locaux croitre d'au moins 10%.
Mais il n’y a pas que ça. La majorité affirme qu'elle maintiendra cette année les tarifs des activités culturelles et sportives proposées par la ville. A la veille des élections, il était temps. Le maire oublie de dire que depuis le début de son mandat, la ville a augmenté ses tarifs de 33% !
Le maire affirme son intention d’« optimiser les charges » et de « trouver de nouvelles pistes d’économies ». Cela pourrait faire rire, tant chacun peut constater la politique de l'actuelle majorité marquée par la gabegie et le gaspillage. Cela fait beaucoup moins rire quand le maire détaille quelles sont ces « pistes d’économies ». Et d’abord la «maîtrises des dépenses de personnel ». C’est le principal poste du budget de fonctionnement.
Pour poursuivre cette année encore sa politique dépensière, malgré la crise, malgré la péréquation qui nous guette, malgré la disparition du magot, et parce qu’à la veille de l’élection municipale, il ne serait pas bon d’augmenter les tarifs municipaux et les impôts locaux, la majorité a trouvé une variable d’ajustement : les employés municipaux. La chambre régionale des comptes a dénoncé l’an dernier l’absence de gestion des ressources humaines, ainsi que des irrégularités, comme la non titularisation systématique des stagiaires. Ce sont les employés, les contractuels en particulier, qui vont payer la politique « volontariste » de la majorité.
De quoi s’agit-il ? De poursuivre les dépenses de prestige, à l’image du palais du conservatoire à 50 millions d’euros, une coquille vide sans direction et sans projet. Une politique menée au dépens de l’indispensable : la solidarité aux familles, aux seniors, aux handicapés et l'éducation de nos jeunes. Ainsi, la majorité reporte à 2014, après les élections municipales, l’application des 4 jours et demi dans les écoles. "Ca coûte très cher", argumente le maire qui vient de dépenser 5 millions d'euros pour les fêtes ! N’oublions pas non plus la fermeture programmée du palais de la réadaptation, qui assure un emploi de proximité à plusieurs dizaines de handicapés putéoliens.
Une putéolienne, Nicole, m’a écrit : “Je souhaite faire une suggestion au conseil municipal : Peut-on réduire les dépenses de festivités, manifestations et autres réceptions (au moins temporairement...), afin de diminuer le taux des impôts locaux. L'Etat est parait-il en faillite, alors que certaines municipalités sont riches : en période de crise, l'appel à la solidarité peut s'étendre aux collectivité locales. Ainsi cet argent relancerait la consommation. Il semble que certains l'aient compris, à Issy-les-Moulineaux par exemple”.
Cette suggestion de Nicole, faite également par de nombreux autres putéoliens, je la fais mienne.
Il y une nécessité absolue de gérer mieux Puteaux, afin de baisser les taxes locales et les tarifs des services municipaux, pour redonner du pouvoir d’achat aux familles. Il faut pour cela se fixer des politiques prioritaires : la solidarité, l’éducation et la formation, la sécurité, le cadre de vie, le logement pour tous.
Pour Noël et le nouvel an, la majorité a dépensé 1 million d’euros pour les illuminations et les décorations, 1 million d’euros pour une patinoire branché sur des groupes électrogènes, 1 million d’euros pour des cadeaux, 2 millions d’euros pour des réceptions et des fêtes. 5 millions d’euros au total. Si nous économisions 20% sur ces dépenses, nous récupérerions 1 million, soit en moyenne 50 euros par famille putéolienne. En moyenne… Cela veut dire quelques dizaines d’euros pour certaines familles et plusieurs centaines d’euros pour d’autres. Voilà une source d’économie, pour baisser les impôts et les tarifs des services municipaux, ou bien pour orienter l’argent là où il est indispensable.
Appliquons ce principe à chaque poste de dépenses. Remplaçons la politique clientéliste par une politique d’intérêt général. Et vous verrez les marges de manœuvre que nous pourrons ainsi dégager.
Christophe Grébert