Lors du conseil municipal de Puteaux du 14 décembre 2010, le maire UMP Joëlle Ceccaldi-Raynaud a communiqué aux élus le bilan des délégations de service public pour l'année 2009 (Question 57 de l'ordre du jour). Je me suis penché sur la délégation du cinéma "Le Central". Ce cinéma communal est largement subventionné. Au total, pour chaque place vendue, la ville supporte une vingtaine d'euros de subventions directes et indirectes ! D'où un bilan nécessaire en effet.
Voici le texte de mon intervention en séance :
Le Cinéma « Le Central », au sein du palais de la médiathèque, a ouvert ses portes le 18 février 2009, avec environ un an et demi de retard sur les annonces du maire. Nous nous sommes réjouis de l’arrivée d’un cinéma de proximité. Tout le monde en effet ne va pas à La Défense ou à Paris pour aller au cinéma. Les cinémas municipaux, qui existent ailleurs dans les Hauts-de-Seine (Suresnes et Nanterre notamment) permettent de bénéficier de tarifs plus avantageux par rapport aux complexes (cela va du simple au double). Ils permettent aussi de proposer des animations, des programmations différentes des complexes.
En revanche, nous avions à l’époque de la réalisation de la médiathèque remis en cause l’emplacement choisi (une concentration de toutes les activités autour de l’Hôtel-de-ville) et surtout l’exorbitant dépassement budgétaire de ce chantier : de 16 millions d’euros prévus en 2004 au moment du premier coup de pioche, le palais de la médiathèque a finalement dépassé les 35 millions d’euros à l’arrivée (la facture est passée du simple au double !).
Le bilan de la première année d’activité de ce cinéma montre la difficulté à implanter un nouveau cinéma dans une commune et la politique volontariste que cela nécessite.
Le cinéma a ouvert mi-février 2009. Le bilan de cette première année d’exploitation porte donc sur pas tout à fait 11 mois d’activités. 35.000 entrées ont été réalisées, contre 40.000 espérées. Ce qui fait une moyenne de 28 spectateurs par séance, pour 2 salles de 255 et 213 places.
Conformément à la convention passée avec le délégataire exploitant, celui-ci n’a versé aucune redevance à la ville. Et au contraire, c’est la ville qui lui a versé une subvention de 160.000 en compensation. En plus de cette subvention, la ville a pris en charges les dépenses de fonctionnement du cinéma, soit un coût de 252.026 euros. Ce qui fait que pour chaque entrée vendue 7,5 euros, la ville a payé un supplément de 7 euros (subvention de compensation + prise en charge des dépenses de fonctionnement) !
Mais cela, c’est sans compter le coût du bâtiment et des équipements mis à disposition par la municipalité. Le palais lui-même a coûté globalement 35 millions d’euros. L'aménagement intérieur du cinéma - peinture, revêtements, électricité, plomberie, fauteuils, équipement de projection – a représenté une dépense de 1.781.000 euros prise en charge par la ville.
Admettons un amortissement de 500.000 euros par an pour l'infrastructure. Nous ne serions plus à un coût de 7 euros par entrée vendue, mais à 21 euros (le triple) !
Pour chaque place vendue 7,5 euros, la municipalité rajouterait donc 21 euros (d'argent public) ! ça fait très chère la place de ciné !
En 2010, si la prévision de 50.000 entrées est atteinte (on passerait de 28 à 34 entrées par séance), ces chiffres ne seraient pratiquement pas différents.
Pour sa part, le délégataire en 2009 équilibre tout juste ses comptes. Mais pour la ville, le gouffre est énorme. Certes, un cinéma municipal est souvent déficitaire. Il est cépendant nécessaire, dans un souci de bonne gestion de l’argent public, de rechercher un certain équilibre. Ce n’ était pas le soucis de Joëlle Ceccaldi-Raynaud et de son père Charles Ceccaldi-Raynaud dès le départ du projet. La majorité a dépensé follement. Aujourd’hui, nous récoltons ce que qu'elle a malheureusement semé… Et ce sera difficilement rattrapable.
(photo : Flickr)